Umaro Sissoco Embaló, candidat pour un second mandat : Une posture pouvoiriste et incendiaire pour la Guinée-Bissau

Umaro Sissoco Embaló, candidat pour un second mandat : Une posture pouvoiriste et incendiaire pour la Guinée-Bissau

 

 

Embaló Sissoco est-il de ces dirigeants prêts à consumer leurs pays pour peu qu’ils gardent le pouvoir ? On peut répondre oui sans ambages, vu l’histoire récente et même lointaine de la Guinée-Bissau, et surtout l’atmosphère crisogène qui prévaut dans le pays, alors que lui, déjà «illégitime et illégal» au vu de la Constitution et de la loi électorale évoquée d’ailleurs par l’opposant du PAIGC Domingo Pereira, (son pouvoir est échu le 27 février 2025), il a annoncé ce 3 mars 2025  qu’il sera candidat. De jure comme de fait, Embaló  aurait dû laisser le pouvoir fin février dernier.

On a même l’impression qu’Umaro Embaló Sissoco, n’avait que l’annonce de sa candidature en tête, lors de sa tournée parisienne et moscovite, puisque c’est à peine à l’échelle de coupé de l’avion à sa descente de l’aéroport qu’il a dit qu’il est candidat à sa propre succession de la présidentielle du 30 novembre date qu’il a arrêté d’autorité.

Martial, il a d’ailleurs martelé du retour de son périple au sujet de l’expulsion des envoyés spéciaux des 2 organisations régionales ( CEDEAO-UNOWAS). «Ils n’ont pas respecté la feuille de route…la Guinée-Bissau n’est pas une République bananière, il y a un président et il ne faut pas s’amuser avec la Cour suprême».  Or, l’onction de la même cour suprême dont ce prévaut Embaló est en fait selon toujours l’opposition une simple signature d’un juge stipendié par le pouvoir. C’est ce fameux document qui lui a octroyé un bonus à son mandat, le 23 février dernier jusqu’en septembre 2025 et lui-même a fixé l’élection le 30 novembre. Contre l’avis de l’opposition dont Embaló est dans la lorgnette, a juste raison, vu ce qu’il vient de faire. A l’image du PAIGC de Domingo Simon Pereira, l’opposition dit non à cette forfaiture.

Du coup, ce 30 novembre devient une date à problème, qui cristallisera toutes les passions, les tambouilles dans un marigot politico-militaire bissau-guinéen déjà très trouble. Engoncé dans ses certitudes pouvoiristes et grégaires, Embaló Sissoco, ne se rend pas compte qu’il a endossé le costume de pyromane de son pays. Absence de parlement qu’il a congédié et dissous en décembre 2023, après moult tentatives d’organiser des élections et un coup d’Etat en février 2022, Embaló est tout simplement en train de créer toutes les conditions pour que les vieux démons du pays se réveillent. Car à vrai dire, la relative paix de ces dernières années, n’occulte pas une réalité que tout bon analyste sait : politiquement, en dépit des élections, c’est à coups de rafistolages, d’arrangements surtout avec certaines personnalités étatiques, et dans l’armée, et bien sûr, le partage du gâteau, c’est au prix de ces équilibres précaires que le pays semble voguer dans le calme. Sous Embaló, militaire…ces équilibres ont souvent menacé de se rompre, d’où les soubresauts observés.

C’est pourquoi, cette posture, pour le moins cavalière d’Embaló, de vicier les perspectives électorales, disons prendre un processus déjà bancale en otage équivaut à semer les graines de la division et des troubles. En agissant ainsi, il donne raison à ceux qui estiment que les missi dominici des 2 organisations régionales qu’il a déclarés persona non grata, l’ont été du fait d’avoir rencontré l’opposition.

Mais, une élection, ce sont le pouvoir, l’opposition, les indépendants…pas un seul homme qui fixe les règles, et veut gagner coûte que coûte ! Il est encore temps qu’il redescende et plutôt que d’avoir cette position comminatoire et dédaigneuse, qu’il pense à son pays, la Guinée-Bissau, qu’on pense qu’il aime, qu’il a dirigé, en tant que putschiste, puis élu par les urnes. La boulimie individuelle du pouvoir est toujours ruinante pour le pays.

La REDACTION

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