Union africaine : Tshisekedi, Al Sissi, réformes : un 32e sommet des aggiornamentos ?

Union africaine : Tshisekedi, Al Sissi, réformes : un 32e sommet des aggiornamentos ?

Rassemblés dans la cuvette du siège de l’UA à Addis Abeba pour le 32e  raout, les chefs d’Etat et de gouvernements du continent, ont à défaut d’exhiber leurs désaccords au grand jour,  privilégié des aggiornamentos qui ont pour noms :

– «acceptation de l’arrangement à l’africain» selon le mot de Jean-Yves Le Drian le ministre français des affaires étrangères sur l’élection de Félix Tshisekedi de la RD Congo.

– passation de charge de la présidence en exercice entre Le Rwandais Kagame et l’Egyptien  Al-Sissi, un président égyptien suspecté à tort (?) de prendre à rebrousse-poil les réformes kagameennes.

Née le 9 juillet 2002 au stade Absa de Durban en Afrique du Sud, sur les cendres de l’OUA, l’UA traîne certaines tares qui inhibent sa performance : l’organisation continentale est souvent absente là où sa présence est nécessaire, elle se prononce peu ou pas sur des sujets qui l’interppellent au premier chef, elle intervient sur le tard au moment où les meubles ne peuvent plus être sauvés. Bref, portée sur les fonts baptismaux à l’aube d’un nouveau siècle et d’un autre millennaire, l’UA a plusieurs fois manqué ses rendez-vous historiques.

Que ce soit pour élire le président de la commission comme ce fut le cas lors du 18e sommet à Addis Abeba entre Nkozinisana Zuma et Jean-Ping ou pour accepter de nouveaux arrivants dans le sérail tels le Centrafricain François Bozizé ou le Togolais Faure Gnassingbé lors du 5e jamborée, ou encore sur les conflits et crises postélectoraux (Côte d’Ivoire, Kenya, Gabon …) l’UA a brillé longtemps par sa posture dilatoire, si ce n’est ses positions alambiquées.

Pourtant, pour cette 32e rencontre au sommet, les princes qui nous gouvernent ont privilégié l’entente à minima sur des sujets qui fâchent ou qui constituent des lignes de fracture entre certains pays. Outre le plat de résistance qui a consisté à se pencher sur ce problème vieillissant au fil du temps, les migrations anarchiques des Africains vers le fantasmé Eden Shengéen et leurs corolaires néfastes, que sont les refugiés le 32e sommet faute d’adouber le nouveau président de RD Congo, comme ce fut le cas le 4 juillet 2005 à l’égard du Centrafricain Bozizé et du Togolais Faure, fruit du travail du Nigerian Obasanjo et de l’Ivoirien Gbagbo, faute d’un standing ovation, Tshisekedi a eu droit , à un «félicitations M le président» de la part du patron de l’ONU Antonio Gutterès et d’une acceptation simplement par ses pairs. Idem pour le Malgache Andrey Rajollina

Convenons-en : la couleuvre congolaise a été difficile à avaler, surtout pour une UA qui a d’abord essuyé une fin de non-recevoir à sa requête envers la Cour constitutionnelle de surseoir à la proclamation définitive de la victoire de Tshisekedi

Ensuite, les propos du locataire du Quai d’Orsay sur les  résultats des élections en RDC sonnent comme un cliquetis dérangeant  aux oreilles des chefs d’Etat réunis l’Africa Hall à Addis Abeba, tant il dit vrai, même si en la matière, le cas vénézuélien apporte de l’eau au moulin africain.

Tshisekedi constitue une sorte de volonté de laver le linge sale en famille, mais  rejoint aussi cette realpolitik qui a préféré privilégier cet aggiornamento, à une guerre civile en RD Congo.

Reste maintenant à ‘’veiller’’ sur Tshisekedi et son mentor Kabila Junior pour que des changements s’opèrent dans le sens voulu par les Congolais et sur ce plan, on voit mal comment l’UA peut y impacter.

Le Rwandais Paul Kagame a fait du bon boulot et a dû sentir la moutarde lui monter au nez en voyant Tshisekedi, lui qui a désavoué son élection en ne se rendant pas à son investiture en tant que président de l’UA et n°1 du Rwanda et voisin.

Il doit être un peu dubitatif également, lorsqu’il remettra le témoin à l’Egyptien Al-Sissi, qu’on soupçonne à tort ou à raison de remettre en cause tous les chantiers engagés dont le moindre n’est pas la taxe de 0,2% sur les importations. Pire, l’Egypte grand partenaire des USA dont probable adversaire du multilatéralisme, devenu la matrice du développement africain ? Beaucoup le supposent. Et pourtant le Rais égyptien a tenu à rassurer sur le primat des réformes continentales sur les intérêts du pays des pharaons. Ce qu’il devra demontrer !

On peut déplorer encore ce qui ressemble à des rééditions face à certaines questions, sur lesquelles l’UA ne devait pas transiger, mais, le peut-elle, avec un continent de cinquante-cinq (55) Etats qui prônent les Etats-Unis d’Afrique, mais qui n’en pensent pas moins chacun tenant à sa petite souveraineté et à son ego patriotique ? On espère seulement que ce ne sera pas telle fille (UA) telle mère (OUA) !

La Rédaction

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