Verdict de la Cour constitutionnelle zimbabwéenne : Un pays en fausse apnée

Verdict de la Cour constitutionnelle zimbabwéenne : Un pays en fausse apnée

Les yeux sont braqués aujourd’hui 24 août 2018 sur la Cour constitutionnelle au Zimbabwe. Quelle sera la coloration de son verdict ? Vert pour l’opposition, synonyme de rouge pour le président sortant ? Cela signifierait que la Cour ordonne le recomptage des voix et annule carrément le scrutin et décide d’une nouvelle pour sa reprise. Cela confirmerait alors les cris d’horreur des opposants qui brandissent ce qu’ils présentent comme des preuves de fraudes et de manipulation des suffrages.

Ceci justifierait également les doutes raisonnables qui fourmillent sur le score du candidat déclaré gagnant Emmerson Mnangagwa, 50,8%, peu convaincant face au 44,3 % de son poursuivant Nelson Chamisa. En d’autres temps et sous d’autres cieux, l’arbitre du jeu électoral aurait sifflé les prolongations du second tour, l’écart entre les deux concurrents n’étant pas des plus abyssaux.

Du reste, il y a un sentiment qui titille l’esprit et laisse entendre que le vrai vainqueur de cette présidentielle est Nelson Chamisa. Un président qui organise une élection et qui n’est pas capable de gagner avec au moins 51% des suffrages est vêtu de la redingote du perdant. Omar Bongo du Gabon aimait bien dire qu’on ne peut être au pouvoir et perdre le pouvoir. Il exagérait, mais si en plus de la prime au sortant, les fraudes et les intimidations dans le Zimbabwe post-Mugabe, Mnangagwa obtint juste 50,08%, c’est-à-dire une victoire presqu’à la Pyrrhus il ya problème, ce score étriqué laisse le doute habité bon nombre de gens quant à la sincérité du scrutin.

Mais Emmerson Mnangagwa ne risque pas de l’entendre de cette oreille et apparaît finalement comme celui qui a défait le vieux Robert Mugabé, non pas pour aider les Zimbabwéens, mais plutôt pour servir ses propres intérêts et ceux de ses soutiens.

Faut-il s’interroger sur le verdict qui sortira des fours de la Cour constitutionnelle ? Pas du tout. A moins d’un séisme et d’une démonstration de son indépendance, la juridiction laisse plutôt montrer qu’elle prononcera la victoire du président sortant. L’invalidation du scrutin pourrait surprendre les Zimbabwéens  eux-mêmes. Le pays est donc en fausse apnée, accroché à un faux suspense car le dénouement final ne s’annonce guère différent du résultat actuel. Il y a comme un air de fausse apnée au Zimbabwe, car à moins d’un miracle, Emmerson Mnangagwa sera confirmé par les grands juges. Qui est fou ?

Il reste à présent à savoir ce que Nelson Chamisa projettera de faire.  Va-t-il lâcher ses partisans dans les rues ? ou poursuivra-t-il le combat au prétoire ? Se limitera-t-il à clamer à travers média sa victoire ? Dans tous les cas, Emmerson Mnangagwa a planté le décor pendant les élections. Il n’hésitera pas à faire entendre le bruit des armes et cela, de façon très rigoureuse et impitoyable, pour garder sans contestation ce nouveau pouvoir suprême qu’il vient «d’acquérir». Les dés sont donc jetés.

Ahmed BAMBARA

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