Victoire de Félix Tshisekedi en RDC : Shadary, le faux nez de Kabila ?

Victoire de Félix Tshisekedi en RDC : Shadary, le faux nez de Kabila ?

C’est historique. C’est un fait. Une évidence. Pour la première fois depuis très longtemps, une passation du pouvoir est sur le point d’être actée en République démocratique du Congo (RDC) sans passer par la voie des armes. La voix des urnes imposera un président de la République.

Un opposant a remporté les élections. Félix Tshisekedi. Ci-devant fils du défunt Etienne Tshisekedi. Belle revanche pour celui qui a usé sa vie sur le chemin de la recherche du pouvoir. Scénario a priori exaltant dans un continent où l’alternance est une denrée aussi rare que les larmes d’une mante religieuse.

Toutefois, le scénario de la victoire de l’opposant a quelques bordures, pour le moins, gênantes. Il y a de forts doutes sur la sacralité et la sainteté de son élection à la tête de la République démocratique du Congo. Il est clair qu’il ne viendrait pas à l’idée d’un prélat de s’adosser sous l’ombrelle du mensonge et du traficotage. L’Eglise est l’emblème de la rectitude, de la droiture et de la vérité. Alors, pourquoi  faudra-t-il douter lorsque ses missionnaires, notamment la commission d’observation de la Conférence épiscopale nationale congolaise (CENCO), la plus grande équipe d’ailleurs déployée pendant ce scrutin, vient à dire clairement que les résultats de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) n’ont pas de traits communs avec ceux auxquels elle a aboutis ? Et que finalement, c’est bien Martin Fayulu qui a gagné cette présidentielle et non le candidat de l’UDPS ?

On peut s’offusquer de l’avis de la France ou de la Belgique, en se basant sur les sacro-principes de la souveraineté et de la non-ingérence. Mais on ne peut faire fi d’une mission aussi crédible, aussi impartiale que celle de la CENCO.  Et celle-ci semble vraisemblablement être proche de la vérité.

Ceci étant donc, la victoire de Felix Tshisekedi n’en est pas une et ce dernier doit être gêné aux entournures. Car, il apparaît de plus en plus sous les traits de celui qui est allé trinquer ou dîner avec la personne qui a farouchement combattu son père. Du reste, n’a-t-il pas déclaré, dès les premiers instants de la proclamation des résultats, que Kabila doit être désormais traité comme «un partenaire politique ?»  A quel moment les notes de ce «partenariat», ont-elles été composées ? Ce partenariat a-t-il justifié son départ, à lui et à Vital Kamerhe, de la coalition sous laquelle l’ensemble de l’opposition devrait se retrouver ?

Tout compte fait, Emmanuel Ramazani Shadary n’était-il pas le faux dauphin, la toile rouge du Toréador, le faux nez que Joseph Kabila a agité pour focaliser, détourner les ardeurs de l’opposition, pendant que le vrai Medvedev ferraillait dans sa belle tenue de camouflage sous les traits de l’opposant parfait et irréprochable.

Si tel a été le scénario de Joseph Kabila, alors d’un machiavélisme à primer. Il reste maintenant à savoir comment les Congolais vont réagir à ce tour de passe-passe. Il reste aussi à savoir comment Félix Tshisekedi compte exercer ce pouvoir et quelles clauses du «partenariat» qu’il a signé avec Kabila. Car, ce dernier, à l’évidence, risque de détenir en vérité les vrais pouvoirs : économiques, administratifs et militaires. Toute la carrosserie de la préparation d’un retour du fils de Laurent Désiré Kabila au pouvoir en 2023.

Félix Tshisekedi s’est-il résolu à être un pantin tout au long de  l’exercice de son pouvoir ? Et comment tiendra-t-il sa promesse faite à Vital Kamerhe de le nommer président de l’Assemblée nationale et ensuite, de lui laisser la place de président aux prochaines élections ? Etienne Tshisekedi doit certainement se poser les mêmes questions…

Ahmed BAMBARA

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