Victoire de Ghazouani-le Medvedev mauritanien : Quand l’opposition proteste pour la forme

Victoire de Ghazouani-le Medvedev mauritanien : Quand l’opposition proteste pour la forme

Passer par les troubles pour dénoncer le « vol » de leur victoire. C’est apparemment le plan B adopté par l’opposition politique en Mauritanie. La technique de la terre brûlée en quelque sorte. Leurs doléances pourraient être posées sur du roc. D’où le report des manifestations dont les raisons principales sont l’absence d’autorisation, le match de la CAN opposant le pays au Mali et même le doute sur la mobilisation.

La présidentielle mauritanienne pourrait ne pas figurer dans les annales des scrutins les plus parfaits. Dans un scénario Medvedev/Poutine, il est possible que le « couple » Ghazouani-Ould Abdel Aziz ait mis toutes les chances de son côté, y compris celles qui ne sont pas forcément catholiques, pour réussir la « passation » de pouvoir.

 L’on sait que Ghazouani et Mohamed Ould Abdel Aziz, amis de longue date depuis presque les parcours éreintants et chauffants de la formation militaire, complices dans les renversements de chefs d’Etat en Mauritanie, ont certainement convenu qu’il était temps que le second compagnon, taciturne, effacé mais efficace, Ghazouani, prenne à son tour les rênes du pouvoir pour y faire valoir aussi ses droits de gouverner.

Une voie sans doute sage trouvée par Mohamed Ould Abdel Aziz pour éviter les trahisons et les dégâts que peut causer le sentiment d’ingratitude et de frustration qui nait parfois et généralement dans le cœur des bras droits. Sage décision qui coupe court à la série des alternances sanglantes et marbrées de putschs et forcément accompagnés par le chaos et le  désordre.

C’est donc en cela que les opposants et adversaires de Ghazouani devraient songer à mettre un peu de mou dans leur couscous. La sensation d’une conservation/confiscation du pouvoir par les treillis mauritaniens, même si ce sont d’amples boubous qui les habillent dorénavant, doit avoir les désagréables aspérités d’un crochet de crotale dans la gorge.

Il leur manque toutefois les arguments des urnes pour contester cette mainmise des « frères d’armes ». La crédibilité de la présidentielle doit être difficilement et durablement attaquable pour que les opposants fassent le choix des troubles sociaux. Le  cas échéant, ils auraient dû s’essayer aux recours devant le Conseil constitutionnel, même si cette monture sera enfourchée sans grande conviction. Ceci aurait cependant eu l’avantage de faire croire au moins qu’ils ont pour eux le respect des règles et des principes étatiques.

Jeter ainsi en pâture leurs partisans, les invitant à se mettre face aux canons et aux baïonnettes des militaires témoigne d’une certaine irresponsabilité des adversaires des frères « armés ». Quasi cynique de leur demander d’attendre « sagement » que les militaires daignent laisser les civils accéder au pouvoir. A défaut de pouvoir les tutoyer dans les urnes, il faudrait alors avoir l’intelligence de leur damer leur pion, sans verser inutilement le sang d’innocents.

Ahmed BAMBARA

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