Victoire de Julius Maada Bio en Sierra Léone : Crise post-électorale et dure cohabitation en perspective

Victoire de Julius Maada Bio en Sierra Léone : Crise post-électorale et dure cohabitation en perspective

Un vent nouveau souffle sur l’Afrique. Celui d’une nouvelle culture de l’élection. La Sierra Leone en donne en tous les cas, l’exemple. L’exemplarité d’un président qui respecte les termes constitutionnels en partant de lui-même à la fin de ses deux mandats légalement autorisés. Certes, le président Ernest Bai Koroma a peut-être voulu rester au pouvoir par une excroissance, la candidature de Samura Kamara, au nom  du parti au pouvoir. Mais peut-on lui en vouloir ? Démocratiquement non.

Il est loin de ces dirigeants qui charcutent Loi fondamentale, passent leurs opposants aux fers, trucident leurs concitoyens et se dressent contre le monde entier pour rester à leur propre place dans l’ordonnancement sociétal. C’est donc un mérite qu’il faut noter et reconnaître au président sortant sierra léonais.

Autre point positif, l’élection d’un nouveau président. L’ancien militaire putschiste Julius Maada Bio  a été absout par les urnes. 51,81% des voix, contre 48,19% et le voilà propulsé à la tête du pays, avec l’onction et la bénédiction de tout un peuple. Sans tarder, il a sacralisé cette victoire en prêtant serment avec célérité. C’est la preuve donc que les Sierra léonais ont préféré miser leurs pions sur le changement dans la rupture en adoubant l’ancien putschiste. Il n’aura donc plus besoin des armes pour faire appliquer le projet de développement qu’il a conçu pour ses compatriotes. Et cela, sans aucune effusion de sang et sans attrister outre mesure les Sierra Léonais et le reste du monde. Comme quoi, la démocratie a toujours des bons côtés.

La seule note qui inquiète reste celle émise depuis le fief du désormais ancien parti au pouvoir. Samura Kamara a émis des réserves sur la fiabilité et la crédibilité des résultats qui ont été rendus publics par l’instance électorale. Fraudes, bourrage d’urnes sont brandis  par le plaignant. La question qui se pose actuellement dans bien des esprits, c’est de savoir quelle voie le candidat va emprunter pour faire valoir ou pour exprimer sa désapprobation.

Le meilleur sentier qu’on pourrait souhaiter qu’il prenne, c’est bien celui des règles légalement admises par la Constitution et les institutions étatiques. Toute autre solution pourrait faire écrouler le bel échafaudage  démocratique dont la construction est en phase de finition. L’on sait très bien ce qu’une contestation électorale peut entraîner dans ce pays aussi inflammable qu’un champ de concentré de poudre à canon. Samura Kamara devrait donc réfléchir par deux fois, remuer la langue sept fois et penser à l’avenir du pays avant d’exprimer clairement ce qu’il attend de ses ouailles. Contester devant la Cour suprême, soit sans jeter ses ouailles dans la rue, ou ruer dans les syndromes jean Ping ou Raila Odinga.

En attendant, l’horizon de la gouvernance n’apparaît pas pour autant aussi clair que cela devant les yeux de Julius Maada Bio. Même s’il est président élu de la Sierra Léone, il n’est cependant pas confortablement assis à l’Assemblée nationale, dominée par l’ancien parti au pouvoir. Il sera contraint de composer avec ce dernier s’il veut faire passer les projets de loi que son gouvernement va concocter. Au pire, il sera dans une impossibilité de gouverner, au mieux, le président pourra tisser une certaine entente, une cohabitation forcée, faite de compromis, de concessions et de bien de sacrifices.

Quoi qu’il en soit, cette gouvernance ne se passera pas sans des étincelles. Pourvu seulement qu’elles restent des épiphénomènes sans grand impact sur la marche pacifique de cette nation vers son développement.

Ahmed BAMBARA

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