Quel gros moustique à l’abdomen goinfré de poison de folie a bien pu piquer ces présumés éléments des forces de défense et de sécurité camerounaises pour qu’elles osent commettre la grosse bévue qui circule sur les réseaux sociaux ? En effet, dans une vidéo qui plane affreusement sur la Toile, deux soldats présumés camerounais ont exécuté deux femmes, un enfant et un bébé, froidement, sans aucun état d’âme. 17 balles, pas moins ont été utilisées par le caporal-chef Tcho-tcho et le soldat de 2e classe, Cobra pour occire les deux femmes, la fille et le bébé ! Ce n’est pas du cinéma mais du vrai, filmé par un téléphone portable. Dans ladite vidéo, les victimes ont été présentées comme appartenant à la secte islamiste Boko Haram qui essaie de garder ses tentacules sur le pays de Paul Biya. Les sicaires les appellent par l’acronyme de la secte islamiste : BH.
Si c’est vrai que c’est l’armée camerounaise qui a exécuté cet acte odieux, il est fortement condamnable. Parce que le code de tout militaire déclare qu’il ne doit avoir pour cibles que d’autres militaires ou des ennemis ayant le même statut ainsi que des infrastructures militaires. Il est vrai que la nature du terrorisme a dans ses gênes des grandes et nombreuses molécules d’inhumanité qui le convainquent d’utiliser femmes et enfants pour orchestrer ses actes de terreur. Mais aucun soldat digne de ce nom ne peut porter son uniforme et son arme pour aller abattre des femmes et des enfants, qui plus est, désarmés et sans danger apparent. Et pousser l’outrecuidance jusqu’à immortaliser la scène pour ensuite la diffuser sur les réseaux sociaux, en pensant que cela transformerait ces «soldats» en héros de la lutte contre Boko Haram, est une bourde qui relève presque de la bêtise. Surtout, à quelques encablures d’une élection présidentielle où la candidature d’un certain président qui a fait plus d’une trentaine d’années au pouvoir n’est pas souhaitée dans les murmures.
Et la couleuvre est effectivement si grosse qu’un doute vient s’installer avec armes et bagages dans l’esprit et pose une lancinante question : et si c’était un «fake new» ? L’on sait que dans toute guerre, la propagande et la manipulation de l’opinion occupent une place importante. Boko Haram, en perte de vitesse, en vient à user de tous les moyens possibles pour rester à flot dans le tumulte venteux des coups de poing qui pleuvent sur lui et sur ses jarrets. Qu’est-ce qui prouve que des «soldats» de Boko Haram ne se cachent pas sous les uniformes de l’armée camerounaise et que finalement ces femmes et ces enfants assassinés ne l’ont pas été avec des armes chargées à blanc, quitte à ce qu’ils ressuscitent miraculeusement dès que le bouton «stop» de la caméra aura été appuyé ? Ce sont des supputations, qui ne remettent pas en cause la bestialité de l’acte commis, mais qui appellent néanmoins à ne pas fermer les portes à toute éventualité. Mais une 3e hypothèse, n’est pas celle d’école, et n’est pas à écarter : la pétaudière du Nord anglophone camerounaise, pourrait générer de tels comportements, question d’accabler le pouvoir de Yaoundé. Les sécessionnistes, qui ont tué militaires, gendarmes, et qui défient l’Etat, en sont capables.
Quoi qu’il en soit, cette affaire inverse la polarité de la sympathie des Camerounais pour leur armée vers le négatif. Une armée non soutenue par sa population est une cible affaiblie pour un adversaire. Il est donc urgent que la polarité soit vite renversée. Si c’est avéré, que les coupables soient extirpés des rangs et châtiés comme il le faut. Et si c’est un «fake news», que le faux soit démasqué et que les honneurs de l’armée camerounaise lui soient rendus. Mais surtout, fake news, réalité et d’où quelle vienne, à 3 mois d’une présidentielle à laquelle Paul Biya est candidat à sa propre succession, ce genre de faits divers érode son électorat, car il a beau gouverner le Cameroun à vue et ça lui réussit bien, lorsque cette gouvernance-scrutation bute à tels évènements effroyables de la responsabilité de l’armée est engagée, et à l’orée d’un scrutin où il est le grand favori, ça sent le roussi. C’est aussi une preuve, qu’après 37 ans de pouvoir, il a beau «tenir» son pays, et avoir les yeux et les oreilles partout, c’est la preuve, que l’heure de la passation du témoin sonne, et seul, l’affable et roué Paul Biya détient toutes les cartes en main. Les jouera-t-il ? Peu probable.
Ahmed BAMBARA
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