Violences en Tunisie en 2021 : Le fantôme de Mohamed Bouazizi rôde sur l’après Ben Ali

Violences en Tunisie en 2021 : Le fantôme de Mohamed Bouazizi rôde sur l’après Ben Ali

Bilan amer. Ben Ali a fui. Ses biens sont gelés. Et Dieu l’a rappelé à ses côtés. La démocratie est là, sous un joli atour, brillant de toutes ses parures. L’alternance joue ses plus belles mélodies. Plusieurs présidents ont déjà foulé le palais présidentiel par le truchement de l’élection. Tout cela, en moins de dix ans. Un contraste flagrant avec les 23 ans passés par Ben Ali au pouvoir avant que la fumée des flammes qui consumaient Mohamed Bouazizi ne le fassent quitter le pouvoir par la force et la fenêtre de la déchéance.

Mais dix ans après, les raisons justement de cette chute sont toujours là, rampantes, à la fois sournoises et visibles, enserrant le cou de nombreux jeunes tunisiens. La démocratie est là, mais le décollage du vol du développement social et économiquement des Tunisiens prend du retard. Et ce retard est de moins en moins digéré par la jeunesse tunisienne.

C’est elle qui illumine les nuits des quartiers du pays et de Tunis avec des torches  de protestation et font résonner les murs avec les bruits des cailloux qui ricochent sur la carrosserie des véhicules des policiers qui veulent faire respecter le couvre-feu et le confinement. Ils choisissent la nuit pour mieux se faire entendre. Pour mieux se faire comprendre. Le sacrifice de Bouazizi a instauré la démocratie, mais les nuages noirs amoncelés sur l’avenir radieux et d’un développement partagé sont toujours présents et pesants sur l’horizon de ses concitoyens, encore plus sombres et ne laissent pas voir de grandes trouées d’espoir.

L’économie est en berne. Les perspectives ne sont pas au beau fixe. Les chiffres ont dégringolé et pointent le nez vers le bas, au point que l’idée de s’approcher des dettes lourdes et rigoureuses du FMI est caressée dans les alcanes du pouvoir et dans les couloirs économiques du règne du fils de Moncef Saïed et Zakia Bellagha.

Le président Kaïs Saïed, vu comme le messie, le «mieux faiseur», l’indépendant sans coloration des partis politiques, nage toujours dans le flou, se débat dans une gadoue pleine d’imbroglio.  Lui aussi, tout comme feu Béji Caïd Essebsi, essuie ainsi donc le courroux de ses compatriotes. Tout comme tous les dirigeants qui ont touché au gouvernail du pays depuis la chute du président tunisien Ben Ali, les Tunisiens se manifestent désormais. Par la violence. Comme un exutoire.

Jusqu’où vont aller ces manifestations ? Quelles sont les claires revendications ?  Au-delà des arrestations, comment va réagir le président à l’allure d’ascète ? Certes, il n’est pas exclu que ces manifestations soient nourries par des mains politiques. Ennahdha, Nidda Tounes… Il est évident que ces remous profitent certainement à des adversaires politiques qui peuvent les encenser ou attendre de surfer sur les vagues ainsi offertes.

Kaïs Saïed doit réagir. L’âme de Mohamed Bouazizi rôde et hante la Tunisie. Et elle réclame justice et développement. Après avoir obtenu la démocratie.

Ahmed BAMBARA

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