Violences xénophobes en Afrique du Sud : Madiba doit se retourner dans sa tombe de Qunu

Violences xénophobes en Afrique du Sud : Madiba doit se retourner dans sa tombe de Qunu

En Afrique du Sud, l’une des manifestations de la déchéance humaine serpente les rues. Elle a d’abord commencé sur les routes. Des Sud-Africains arraisonnaient des camions conduits par des «étrangers» et brûlaient les cargaisons. Ces étrangers ne sont autres que des Nigérians et d’une manière générale des West- Af. et des East-Af., entendez des africains de l’Ouest et de l’Est. Les marchandises, déclarées appartenir justement à ces «commerçants étrangers», n’ont plus droit de cité dans le pays de Nelson Mandela et sont donc passées au four crématoire. De ces ratonnades, on est passé à un autre palier

Les choses se sont dramatisées ces deux derniers jours. Des routes, la manifestation de l’incurie humaine s’est déplacée dans les rues. Elle s’attaque aux magasins. Les pille. Puis les brûle. Mais pas seulement. Trois occupants malheureux de ces magasins sont partis en fumée avec leurs marchandises. Ces autodafés montrent la puissance de cette xénophobie post-apartheid. L’enfer, c’est desormais celui qui vient d’ailleurs

Les agressions se sont généralisées à Pretoria et à Johannesburg. Les commerçants étrangers sont pris pour cibles. Le tout, sous l’observation passive et impuissante de la police. Pas qu’elle cautionne ce qui se passe. Mais parce qu’elle n’y peut rien. Les regroupements sont spontanés. Les vandales sont nombreux et l’institution régalienne n’a pas les moyens de les poursuivre tous, au risque elle-même de mettre en danger ses propres éléments. Conséquences, les «étrangers» sont laissés à eux-mêmes et à la furie de Sud-Africains qui pédalent à fond sur la corde de la déraison.

Qu’est-ce qui explique cette folie ? Les compatriotes de Cyril Ramaphosa ont trouvé un salace raccourci pour expliquer leur incapacité à faire face à la crise économique. Et quand ça va mal dans ce domaine, le bouc émissaire est tout trouvé. Ils accusent les «étrangers» de s’accaparer de leurs emplois et de nourrir des trafics qui nuisent à leurs intérêts à tant que «locaux».

Nelson Mandela, en entendant de telles incuries, doit certainement se retourner dans sa tombe de Qunu. Car tout ce, à quoi il a consacré sa vie est en train d’être lacéré depuis plusieurs années maintenant. Le qualificatif de «nation arc-en-ciel» qu’il a attribué à ce magnifique pays ne l’a pas été juste pour la décoration. Il a rêvé d’une Afrique du Sud forte de tous ces fils multicolores et multi-origines qui forment son ramage. Pour cela, Madiba a pardonné à ses geôliers et tortionneurs blancs.

Le terme «étranger» utilisé comme dénominateur commun pour agresser des personnes qui, somme toute, sont avant tout des Africains jure foncièrement avec ce qu’il a voulu semer dans le cœur de ses frères et sœurs.

Certes, dissimulés dans les rangs de ce vandalisme se cachent des bandes criminelles qui surfent sur la vague xénophobe pour gorger les inavouables affaires. Mais, l’ensemble de la communauté sud-africaine ne saurait tolérer cette façon de faire de leurs concitoyens. Si ce refrain prolifère depuis pratiquement une année, c’est parce qu’il se trouve des gorges pour le reprendre bruyamment ou tacitement.

Ce spectacle n’est pas à l’honneur de l’Afrique du Sud et il est temps de mettre le holà. Nelson Mandela mérite certainement un autre visage pour son pays. L’enfer ne saurait être les autres dans cette nation de melting-pot.

Ahmed BAMBARA

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