Avant la bataille des urnes du 22 novembre prochain, la bataille des stades. Le match MPP-UPC-CDP s’est disputé dans la cuvette du palais des Sports de Ouaga 2000. Les trois partis politiques ont tenu à réussir le pari de la mobilisation. L’orange, le vert et le roux ont voulu tour à tour et chacun à son tour colorer les gradins du complexe sportif. Respectivement le 11 juillet pour le président-sortant Roch Kaboré, et les 25 et 26 juillet pour les cornacs de l’UPC et du CDP, Zéphirin Diabré et Eddie Komboïgo.
Ces cérémonies d’investiture ont permis de tirer des leçons. Le MPP et ses alliés devront faire face à une éventuelle et probable alliance lors d’un éventuel second tour. Les discours prononcés de part et d’autre du parti du lion et de celui de l’épi et la daba laissent entrevoir des prémices d’un éventuel et possible amourachement entre les compagnons du Chef de file de l’opposition politique. Si du côté de la formation du Soleil levant, le un «coup KO» est seriné, chez les anti-MPP, cette éventualité est un rêve, et forcément, il doit avoir ballotage.
Eddie Komboïgo n’a pas hésité à clamer, la main sur le cœur, sous la voute du palais des sports des Ouaga 2000 au cours du congrès extraordinaire de l’UPC, qu’il voit en Zéphirin Diabré, «une référence». Et il n’a pas honte de le dire. C’est plutôt un «honneur» ! C’est dit.
A son tour le lendemain également, Zeph a eu des mots cajoleurs à l’endroit du patron du CDP le 26 juillet. Et ensemble, et c’est de bonne guerre, ils ont lancé des piques bien senties au «camp d’en face», le MPP. Zéphirin Diabré est monté au front et se montre très offensif contre notamment Simon Compaoré, à qui il a envoyé le ministre Bachir Ismaël Ouédraogo lui transmettre l’information que le président de l’actuel parti au pouvoir sera bientôt le prochain Chef de file de l’opposition politique. La campagne s’annonce donc sans merci. Des investitures, à l’allure de précampagne assez dure qui préfigure une campagne électorale dont les joutes s’annoncent au vitriol.
A quelques jets de pierre de cette présidentielle, les laboratoires fonctionnent à grand régime. Et du côté de l’opposition, les contours d’une éventuelle alliance sont en train d’être dessinés, si ce n’est fait. Du reste, ce n’est pas un secret. Zéphirin Diabré avait annoncé qu’une coalition est en gestation pour ravir le pouvoir au MPP. Ce bébé aux grandes dents n’est pas encore né, mais peut-être a-t-on assisté à ses premiers coups de pieds dans le giron du palais des sports de Ouaga 2000. Curieux du reste que les deux investitures de l’UPC et du CDP se soient succédées : la première le 25 et la seconde le 26 juillet 2020. A la vérité, les fiançailles sont déjà consommées, la dot est donnée, restent les épousailles qui seront actées.
C’est certain que les analystes du MPP ont étudié toutes les éventualités de la prochaine élection et l’idée d’un second tour est inenvisageable à tout le moins redouté. Si les cloches d’un deuxième round sonnaient au soir du 22 novembre 2020, le MPP pourrait avoir du souci à se faire. Un second tour n’est jamais bon pour un président-sortant. A titre d’exemple, Macky Sall au Sénégal a tout fait pour l’éviter. Que ce soit le candidat du CDP ou celui de l’UPC qui sera le challenger dans ce cas de figure au président-sortant ? La bataille sera alors incertaine. C’est vrai que l’absurde est du domaine de la politique, mais ce serait un comble si les deux partis choisissaient de s’unir au MPP. Attention aussi à l’UPC et au CDP, les voix des militants n’appartiennent aucunement aux leaders, les consignes de vote peuvent ne pas être suivies.
Les probabilités au second n’étant pas reluisantes pour l’actuel parti au pouvoir, toutes les forces doivent être actuellement en train d’être dardées pour un succès au coup K.O. Le fameux «winvouka». Dans tous les cas, le 22 novembre, c’est déjà demain, on sera fixé.
Ahmed BAMBARA
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