Les chiffres sont effarants et font froid dans le dos. Selon l’organisation des Nations unies, depuis le début de l’année, les organismes humanitaires ont recensé au moins 292 incidents ayant causé la mort de 650 personnes dans la zone des trois frontières. Dans son dernier bulletin humanitaire publié jeudi dernier, le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA) s’est par la même occasion inquiété, de la poursuite de la détérioration de la situation sécuritaire dans cette zone frontalière entre le Niger, le Mali et le Burkina, qui constitue l’épicentre des violences au Sahel.
«Le contexte humanitaire dans la zone transfrontalière entre le Burkina Faso, le Mali et le Niger continue de se détériorer», a indiqué le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA) dans son dernier bulletin humanitaire. Selon l’organisme onusien «les tendances sécuritaires montrent une augmentation continue du nombre d’incidents dans la région».
Depuis le début de l’année, rapporte la même source, les organismes humanitaires ont recensé au moins 292 incidents ayant causé la mort de 650 personnes. Et cette violence a «de graves répercussions sur les moyens de subsistance fragiles et la capacité des personnes à subvenir à leurs besoins», indique-t-on.
Selon l’OCHA, «cette insécurité met à rude épreuve des services sociaux de base déjà faibles». «Les déplacements à grande échelle ont un fort impact sur les ressources naturelles rares, avec des conséquences négatives tant sur les populations déplacées que sur les communautés d’accueil, renforçant le risque de mise en péril de la cohésion sociale», a souligné l’Agence onusienne. Selon les Nations unies, près de 5,2 millions de personnes sont en insécurité alimentaire aiguë.
Dans ces conditions, poursuit le document, l’aide humanitaire est essentielle pour 10,8 millions de personnes. Cependant, seuls 22 % des fonds nécessaires à la réponse ont été reçus. Sur le terrain, est-il rapporté, «de plus en plus de personnes fuient leurs maisons pour se réfugier dans les champs ou les villages voisins, parfois à plusieurs reprises». Au Burkina Faso, au Mali et au Niger, c’est près de 2,4 millions de personnes qui se sont déplacées à l’intérieur de ces trois pays.
Au Burkina Faso seulement, l’un des pays les plus touchés par ces mouvements de populations, les régions du Centre-Nord, du Sahel, de l’Est et du Nord restent les plus affectées. Elles comptent à elles seules près de 1,42 million de déplacés internes. Selon l’Agence de l’ONU pour les réfugiés (UNHCR), il s’agit d’une augmentation de 4 % par rapport à juillet 2021.
Pour sa part, le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) note que la sécuritaire a continué de se détériorer au Burkina Faso. Cette détérioration est marquée par «des menaces et des actes d’intimidation, le pillage de biens, notamment de bétail, l’utilisation d’engins explosifs improvisés (EEI) et des enlèvements ciblés suivis de meurtres de civils».
Dans l’ensemble, le HCR a constaté au cours du mois d’août, «une intensification des attaques des groupes armés contre les Forces de défense et de sécurité (FDS) du gouvernement». L’exemple le plus marquant est l’attaque sur la route d’Arbinda, dans la région du Sahel, le 18 août, par des groupes armés contre un convoi de FDS et de civils, qui a fait plus de 30 morts et 19 blessés parmi les civils et plus de 14 morts parmi les FDS, souligne le HCR dans un rapport de situation daté du 22 septembre dernier.
Même si la situation reste volatile, l’Agence onusienne poursuit tout de même ses opérations au Burkina Faso, a précisé le rapport. «Malgré les difficultés d’accès dans certaines zones du pays, notamment dans les régions de l’Est, du Sahel, du Centre-Nord, du Nord et de la Boucle du Mouhoun», conclut le HCR.
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